Le week-end dernier, nous, c’est-à-dire un bon petit groupe d’étudiants de l’IIMA, sommes allés à Diu, une toute petite île située à 400 km d’Ahmedabad.
J’ouvre tout de suite une parenthèse sur le thème « tensions inter-communautaires en Inde : l’exemple du verdict d’Ayodhya ». Ceux qui sentent leurs paupières s’alourdirent soudainement à la lecture du programme peuvent se rendre directement quelques paragraphes plus loin, où je traiterai d’un sujet beaucoup plus léger et non moins pas-sion-nant, à savoir la plage. Et pour ceux qui sont encore là, rassurez-vous, je n’y connais rien donc ça va être très court.
Pourquoi brutalement soulever un sujet si grave ?? À vrai dire, c’est pour une raison profondément égoïste (soyons honnêtes !) : la peur de devoir annuler un week-end farniente à Diu. En effet, le jeudi précédant notre week-end devait être rendu un jugement portant sur le site d’Ayodhya, dans le Nord de l’Inde. Hindous et musulmans se disputent depuis des lustres à propos de cet endroit. Pour les hindous, il s’agit d’un lieu sacré puisque le dieu Ram est censé y être né. Le problème, c’est qu’il y a bien longtemps (en 1526 pour être exacte), un empereur Moghol, Babur (aussi appelé Babar, oui oui, comme le roi des éléphants), y a fait construire une mosquée, la Babri Masjid. Les tensions entre les deux communautés n’ont cessé d'augmenter depuis, jusqu’à atteindre leur apogée en décembre 1992, quand des hindous ont rasé la fameuse mosquée. De violentes émeutes ont alors éclaté dans différents endroits en Inde et notamment à Ahmedabad, faisant plus de deux milles morts.
Le gouvernement a depuis acheté le terrain et des fouilles ont été entreprises sur le site pour vérifier la présence d'un temple antérieurement à la mosquée. Quand, il y a dix jours, il a été question de rendre un jugement pour déterminer la validité des revendications des uns et des autres et ce qu’il allait advenir du site, tout le monde a craint que ça pète à nouveau. Le gouvernement a dégainé les grands moyens : pas loin de 200 000 policiers et militaires ont été déployés un peu partout. Les chefs hindous et musulmans ont de leur côté multiplié les appels au calme. Mais j’ai l’impression que globalement, les gens ne savaient pas trop quoi penser sur ce qu’il pourrait se passer à l’issue du jugement. Pètera, pètera pas ? À l’IIMA, on nous a conseillé de ne pas sortir du campus jeudi après-midi.
Le jugement est finalement tombé en fin de journée. La justice a décidé que le site devait être divisé en trois parties : un tiers sera attribué aux représentants de la communauté hindoue, un autre aux représentants de la communauté musulmane, le dernier à une organisation hindoue. Par ailleurs, nous avons surveillé les infos régulièrement jeudi et vendredi et finalement, voyant que rien ne se passait suite au verdict tant attendu (c’est sans doute en partie dû au fait que les deux communautés ayant décidé de faire appel, l’affaire n’est en fait pas terminée), nous avons décidé de partir en week-end comme prévu. Et nous ne nous sommes fait attaquer par aucun fondamentaliste hindou ou musulman , ouf ! Voilà, je referme enfin cette loooongue parenthèse et reprends le récit du week-end glande – bravo à ceux qui ont lu jusque là ;-)
Pour aller à Diu, c’est facile, mais c’est long et pas confortable : 11 heures de bus-couchettes dont 3-4 heures de route défoncée, des arrêts dans des endroits glauquissimes et surtout, surtout, une quantité de poussière telle que je suis arrivée à destination noire de crasse ! Qu’à cela ne tienne, on en a vu d’autres, une bonne douche en arrivant et c’est reparti. C’est reparti bien pépère tranquille d’ailleurs, car nous logions dans un hôtel confortable avec… une piscine !! Plutôt une grosse baignoire en réalité, mais ça fait toujours plaisir.
À Diu il y a de très belles plages. Les femmes se baignent tout habillées en sari donc je n’ai pas osé dégainer mon bikini, ça aurait franchement fait mauvais genre ;-) Mais à défaut de pouvoir nous baigner, nous avons fait une grande balade le long de mer, c’était bien sympa (sauf que bêtement nous avons fait ça entre 12h et 14h, donc aux heures les plus chaudes de la journée, et sans un centimètre carré d’ombre à l’horizon....).
La ville, Diu town, est mignonne aussi. Très très tranquille (voire complètement morte à l’heure de la sieste car alors tout est fermé !), avec de jolies maisons colorées et un ancien fort qui vaut le détour. Pour votre gouverne, sachez que Diu est un ancien comptoir portugais. Aujourd’hui encore, l’influence portugaise est évidente, notamment dans l’architecture des bâtiments (il y a une grosse église baroque dans la ville) et dans … la bouffe ! Ahh la nourriture à Diu, quel bonheur ! Au menu, plein de poisson (je n’en avais pas mangé depuis mon départ de France en août !), des légumes, et c’est même pas épicé.
Miam ! |
Ah et aussi, Laura, Anaïs et moi nous sommes encore fait des potes indiens. Samedi soir, après avoir passé la soirée en ville, nous cherchions un rickshaw pour nous ramener jusqu’à notre hôtel située à quelques km de là (je sais pas combien exactement, mais en tout cas trop pour faire le trajet à pied). On cherche, on cherche et … on ne trouve pas. Niet, nada, que dalle, pas un rickshaw à l’horizon. C’est là que nos nouveaux copains entrent en scène : nous rencontrons des jeunes du coin qui viennent discuter avec nous (ça nous arrive tout le temps ici en Inde, les gens viennent toujours parler aux étrangers). Pour nous rendre service, ils se mettent aussi à la recherche d’un rickshaw, mais en vain. Que faire ?? La perspective de rester errer là toute la nuit ne nous tente pas tellement… Et bien pas de problème, tous à mobylette ! Nous voilà donc à 5 sur 2 motos (à l’aise !). Bon je sais c’est mal, faut pas se faire ramener par des inconnus, mais là on n’avait pas vraiment le choix. Finalement nous sommes arrivées à bon port, alors merci les Indiens, vous êtes quand même bien sympas !
Tout ça, c’était le week-end dernier, mais je n’ai pas le temps de m’ennuyer car je suis à nouveau en vadrouille. Et oui, sachez que j’écris ce message depuis l’aéroport de Kuala Lumpur en Malaisie (merci pour le wifi gratis) !! Je n’y fais que passer puisque mon but ultime, c’est Hanoi, au Vietnam. Je m’y rends pour le mariage d’Antoine (mon frère) et Giang, qui a lieu dans huit jours. Mais j’aurai l’occasion d’en reparler.
A vol d’oiseau, Ahmedabad-Hanoi ça ne paraît pas très loin. Et pourtant le trajet est long !! Je suis partie hier en fin d’après-midi d’Ahmedabad, avec un vol pour Mumbai. Là-bas, changement d’aéroport, quelques heures d’attente, puis un autre vol pour Kuala Lumpur, où je suis arrivée il y a une heure environ. Et donc là j’attends la dernière partie du voyage, à savoir le vol pour Hanoi. Inutile de préciser que j’ai hâte d’être arrivée !
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