La dernière fois que j’ai écrit sur ce blog, c’était pendant mon voyage pour aller au Vietnam. J’y ai passé une douzaine de jours fabuleux, loin des cours et du campus, de la chaleur et de la poussière. Autant dire que le retour à Ahmedabad fut un peu rude (« hein quoi ? quel travail de groupe ? de quoi on parle ? »). Donc pour écourter au maximum ces moments désagréables où l’on se rappelle qu’on n’est pas totalement en vacances, je suis repartie deux jours plus tard pour Bombay, ou plutôt Mumbaï, car c’est comme ça qu’on l’appelle officiellement depuis 1995.
Quelques mots sur Mumbaï, pour vous situer le décor. Il s’agit de la ville n°1 en Inde selon plusieurs critères : population (l’agglomération de Mumbaï compte plus de 22 millions d’habitants, ce qui en fait une des dix villes les plus importantes au monde), économie et commerce (Mumbaï génère 5 % du PIB indien et son activité représente 25 % de la production industrielle, 40 % du commerce maritime et 70 % des transactions de capitaux de l'économie indienne), finance (avec la bourse et la banque centrale), et divertissement avec les studios de Bollywood. C’est aussi là que l’on trouve le plus grand bidonville d’Inde, des embouteillages monstrueux et des trains de banlieues tellement bondés que les gens ne sont même plus dans le train mais accrochés autour… Bref, c’est une ville assez dingue, mais paradoxalement très agréable à visiter. Et oui, là-bas il y a des trottoirs donc on peut se déplacer à pied (ça vous paraît normal, mais en Inde, c’est rare !), de larges avenues, des beaux bâtiments datant de la colonisation britannique, des promenades le long de la mer (à condition d’oublier l’odeur de déchetterie et de fermer les yeux sur les étendues de détritus qui parsèment la plage à marée basse), de bons restos, des cafés branchouilles, de quoi faire plein de shopping, etc. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette ville !
Nous étions trois, Laura, Anaïs et moi, et nous avons testé pour la première fois le système du « couchsurfing ». Le principe est simple : créer une communauté en ligne de personnes qui mettent à la disposition d’autres personnes leur canapé (ou un lit, un matelas, la niche du chien, peu importe) pour pouvoir les héberger. Donc, par exemple, admettons que vous vouliez séjourner quelques jours dans une ville, disons Mumbaï (au hasard), et bien vous vous inscrivez sur le site, vous contacter des « couchsurfeurs » habitant Mumbaï pour leur demander l’hospitalité et, avec un peu de chance, vous obtenez une réponse positive de l’un d’entre eux. Pas mal, non ? Et bien c’est exactement ce qui s’est passé pour nous et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvées à habiter chez Hema, une Indienne d’une cinquantaine d’années qui vit seule à Bandra, un quartier sympa et pas trop excentré.
Laura, Anaïs, Hema |
Hema, c’est tout un numéro. Première chose, elle est extrêmement gentille. La preuve : elle nous a hébergé toutes les trois dans son petit appartement pendant 5 jours, nous a cuisiné des parathas au petit dèj’, promenées dans son quartier toute une journée, etc. Mais deuxième chose, elle est extrêmement lunatique et possessive… Possessive dans le sens où elle n’aimait visiblement pas être toute seule et donc comptait sur nous pour passer un maximum de temps avec elle, ce qui n’était pas exactement ce pour quoi nous étions venues à Mumbaï. Et lunatique, car contrariée pour un rien (la plupart du temps, on ne savait même pas pourquoi). Et quand Hema est contrariée, elle boude et fait des trucs pas sympas, comme par exemple s’endormir au moment de payer l’addition au resto, partir sans ses clés le soir où nous avions décidé de sortir pour nous obliger à revenir vite lui ouvrir la porte, cacher nos serviettes de bain pour nous empêcher de prendre une douche, etc. Ça peut paraître énervant comme ça mais rassurez-vous, ça nous a surtout valu de franches rigolades entre nous ! Donc une première expérience de couchsurfing très positive !
Coucher de soleil sur la baie |
A deux pas des tours d'immeubles, certains quartiers ressemblent à des villages |
À part ça, qu’avons-nous fait à Mumbaï ? Entre autres, un peu de culture avec les visites du Prince of Wales Museum, du musée d’art moderne et des galeries alentour, et de temples hindous et jaïns. De l’architecture en se baladant du côté de Victoria Terminus, de la Cour Suprême, de l’Université et du Gateway of India. Une bouffée de ce que peut être le luxe en Inde en rentrant dans le célèbre Hotel Taj Mahal, et l’extrême inverse en passant par les bidonvilles qui longent la côte. Du bateau pour aller visiter les grottes d’Elephanta Island, du divertissement avec un spectacle mêlant la jeunesse artistico-branchée de Bandra, du shopping au Crawford Market et sur Colaba causeway. Des bains de foule à foisons (il y a du monde partout !), et de la bonne bouffe en quantité (et même du bœuf au Hard Rock Café – et oui, en Inde, c’est quasi impossible à trouver !).
Vue depuis le Prince of Wales Museum |
Université |
High Court |
Taj Mahal Hotel et Gateway of India |
Laura au Crawford Market |
À la gare de Churchgate, nous avons aussi découvert l’étonnant ballet des dabbawallahs. En Hindi, une dabba, c’est une boîte. En l’occurrence, il s’agit des boîtes en métal dans lesquelles les Indiens transportent leur déjeuner. Les dabbawallahs, ce sont les livreurs desdites dabbas. Ils se chargent d’acheminer la nourriture de milliers d’employés de leur domicile à leur lieu de travail. En effet, beaucoup d’Indiens sont réticents à consommer des plats qui ne sont pas faits maisons, et ne font confiance qu’aux repas préparés par leur épouse ou leur cuisinière, notamment pour être sûr de respecter certaines prescriptions alimentaires.
Livreur, ça peut paraître simple comme ça, mais à Mumbaï c’est tout une aventure, du fait de l’immensité de la ville et de ses moyens de transport plutôt chaotiques. La logistique et l’efficacité des dabbawallahs sont assez incroyables. Le matin, les boîtes sont collectées dans les différents quartiers de la ville. Grâce aux inscriptions qu’elles portent, elles sont triées par destination puis envoyées par le train. À chaque gare, les boîtes correctes sont débarquées et remises à un dabbawallah local, qui les livre aussitôt à l'adresse correspondante, à pied, en charrette ou à vélo. Après le déjeuner, les boîtes vides sont rassemblées et renvoyées de nouveau dans leur maison respective.
Étant donnée la quantité de boîtes qui circulent (on estime que les dabbawallahs approvisionnent jusqu'à 175 000 clients par jour !), le système est archi-complexe et pourtant, il marche, c’est ponctuel et pas cher du tout ! La preuve que l’organisation en Inde, c’est possible et ça existe ;-)
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