Wednesday, December 22, 2010

15 jours dans l'Inde du Sud

Après deux semaines de vadrouille, je profite de deux jours de « répi » à Ahmedabad pour remettre à jour Horn Please ! et raconter un périple très chouette dans le Sud de l’Inde.


Le parcours, grosso modo
Dimanche 5 décembre : départ !! Tôt le matin, après avoir remballé toutes mes affaires la veille, stocké ma valise, rendu les dernières paperasseries, je quitte pour de bon ma chambre de l’IIM, direction l’aéroport et un vol pour Kochi, dans le Kerala. Nous survolons la mer bleue et des palmiers à perte de vue. Mmmm… Ça m’a l’air sympa ce coin-là ! 


Effectivement, Fort Cochin se révèle être une petite ville très charmante. Les petites maisons colorées lui donnent des airs de village. L’endroit est incroyablement paisible, on s’y sent immédiatement en vacances.

Filets de pêche à Fort Cochin
Fort Cochin
Nous assistons à un spectacle de Kathakali, du théâtre traditionnel d’Inde du Sud. Il s’agit en réalité d’extraits, une « vraie » représentation durant en principe toute une nuit ! L’histoire met en scène trois personnages, tous joués par des hommes (même les rôles féminins) vêtus de vêtements tout colorés et ultra maquillés. Les acteurs ne parlent pas, mais miment leurs émotions. C’est assez étonnant à voir car les mimiques sont parfois assez différentes de celles qu’aurait faites un Européen pour le même sentiment. Le tout se déroule sur fond de musique un chouya assourdissante à base de tambours et de cymbales !

Maquillage avant la représentation


Le lendemain, nous nous perdons dans les petites rues bien tranquilles de Fort Cochin. Nous retrouvons avec bonheur le bon goût de la cuisine du Sud, mais de la France cette fois-ci, en dînant d’un excellent poisson à la provençale avec des pâtes. Miam !



Mardi, Laura et moi partons pour Munnar, une petite ville connue pour ses plantations de thé. Munnar est située à 2400 mètres d’altitude dans les Ghats occidentaux, la chaîne de montagnes et de collines qui s’étend au centre de l’Inde, entre le Kerala et le Tamil Nadu. Nous nous y rendons en bus, par une petite route interminable mais magnifique, serpentant dans des paysages absolument superbes. D’abord les palmiers et les bananiers, puis les collines entièrement recouvertes de petits buissons verdoyants et bien rangés : le fameux thé ! Je respire enfin du bon air frais (j’entends encore mes poumons me dire merci) après avoir supporté la pollution des grandes villes.

Sous la brume



La ville de Munnar se résume à un carrefour routier et n’a absolument aucun charme. Par contre, les alentours sont superbes. Nous y restons deux jours durant lesquels nous nous promenons allègrement le long des nombreux chemins qui sillonnent les plantations.



Jeudi matin, nous reprenons le bus pour Kumily, quelques peu angoissées à l’idée d’être malades pendant le trajet, car notre petit déj’ semble avoir du mal à passer… blurp, blurp… en plus, la route tournicote dans les montagnes… ouf, quatre heures plus tard nous arrivons, il était temps !



La ville de Kumily, également dans les montagnes, est beaucoup plus touristique que Munnar, mais aussi plus sympa. Nous commençons par nous faire un massage « ayurvédique », histoire de se débarrasser des courbatures dues à nos multiples voyages d’évacuer tout le stress accumuler pendant ces mois de dur labeur à l’IIMA. Ayurvédique, c’est un mot compliqué pour parler de médecine traditionnelle indienne. C’est quelque chose de sérieux et d’encore très utilisé, mais dans les endroits touristiques ça semble plutôt être un argument de vente. On croise de l’ayurvédique par ci, de l’ayurvédique par là, sans vraiment savoir ce qu’il y a derrière. Pour ce qui est de notre massage dit ayurvédique en tout cas, il y avait certes beaucoup d’huile (ayurvédique, bien sûr !), mais c’était bien agréable. J’en suis sortie requinquée ! 


Kumily, c’était aussi bien sympa, notamment grâce à un petit resto qui est vite devenu notre QG. Très bonne bouffe, jolie terrasse et même un Scrabble : tout pour plaire !

J’ai appris plein de trucs sur la culture des épices, du cacao, des fruits exotiques… Qui eut cru que le poivre ne poussait pas dans les bocaux Ducros ?? nous avons aussi visité une usine de thé. Je n’ai pas retenu grand’ chose mais je me souviens que c’était très intéressant ;-)


Un soir nous avons assisté à un spectacle de Kalarippayattu, un art martial indien. On en a pris plein la vue ! Batailles au sabre, saut dans des cerceaux de feu, cris guerriers, acrobaties incroyables… une discipline à mi-chemin entre Power Rangers, le yoga et le karaté. Très impressionnant !


Le périple se poursuit ensuite vers Kottayam, où nous retrouvons Nora, une autre « exchange » française. Nous rejoignons ensuite Allepey en ferry, et visitons les « backwaters », ces lagunes qui s’étendent le long de la côte du Kerala. Encore des paysages superbes et dépaysants, et que d’eau mes amis, que d’eau !



Etape suivante : Varkala – sa plage, ses palmiers, ses cocotiers. Cooool. Au programme, bronzette (on peut même se mettre en bikini car l’endroit est peuplé quasiment à 100% de touristes occidentaux, donc pas de risque de choquer les Indiens en dévoilant nos corps de déesses…), baignade (beaucoup de vagues !), balade le long de la falaise et bons poissons au resto. Dur, dur. 



Après la glandouille de Varkala, voici venu l’instant culturel de notre voyage : Madurai et son célèbre temple dédié à Minakshi, une déesse aux yeux de poisson (je précise que selon les critères locaux, il s’agit d’un compliment). Aller à Madurai depuis Varkala, ça se mérite : 7 heures de trajet dans un train absolument infesté de cafards. Brrrr… Mais le temple vaut effectivement le détour. Il s’agit plutôt d’un ensemble de plusieurs monuments hyper colorés représentant les dieux du panthéon hindou. On peut même s’y faire bénir par un éléphant qui vous pose délicatement sa trompe sur la tête moyennant quelques roupies !



De Madurai, nous continuons vers Pondichéry, sur la côte Est de l’Inde du Sud. Dans une agence, on nous vend un billet de bus « direct » pour Pondichéry. Direct, mon œil ! un premier bus nous dépose sur le bord d’une autoroute, d’où nous prenons un deuxième bus pour rejoindre le centre de la ville la plus proche, où nous montons finalement dans un troisième bus pour Pondichéry. Mais il faut reconnaître que c’est tellement facile de prendre le bus en Inde, grâce aux gens qui vous aident avant même que vous ayez demandé quoi que ce soit, que tout ça s’est fait extrêmement facilement. Nous sommes même arrivées plus tôt que prévu !


Pondichéry est une petite ville côtière très charmante. Il s’agit d’un ancien comptoir français et l’influence gauloise est encore très visible. En plus d’abriter une communauté française assez importante, la ville possède des noms de rue en français, un lycée français, un consulat français, et plein de resto français où déguster de la bonne baguette et des croissants. Bonheur ! C’est aussi assez surprenant d’entendre parler français dans les rues, surtout par des Indiens ! La ville est hyper paisible, c’est très agréable. 



Et pour finir : Mamallapuram, entre Pondichéry et Chennai. Cette petite ville côtière possède un patrimoine culturel important. Nous y visitons plusieurs temples et monuments hindous très anciens mais très bien conservés et très chouettes. L’endroit est aussi parfait pour se reposer, et c’est tant mieux, car quinze jours de voyage, c’est génial, mais ça crève ! 



Le 20 décembre, il est déjà temps de retourner à Ahmedabad… Sur le campus, l’atmosphère est assez nostalgique, car les uns et les autres rentrent dans leur pays. Pour ma part, je vole demain matin vers Delhi. Plus que dix jours d’Inde…

Saturday, December 4, 2010

This is the end (enfin presque the end).

Et voilà, les cours à l’IIMA, c’est terminé ! J’ai passé cet après-midi mon dernier examen (le seul, d’ailleurs…), donc je suis désormais officiellement en vacances.



Il me reste plus qu'un mois en Inde, qui s’annonce bien rempli. Je pars demain (on ne perd pas de temps !) pour deux semaines dans le Sud. Au programme : Cochin, Munnar et ses plantations de thé, la réserve de Périyar, les backwaters, la plage de Varkala (la playa en plein mois de décembre, yiiihaaa !), Madurai et son temple, Pondichéry, Mamallapuram et Chennai. Je n’aurai pas le temps de m’ennuyer !



La fin de décembre s’organise autour de la venue d’Henri, suivi de près par Nicolas et mes parents, avec au menu Delhi et ses environs. Retour en France le 2 janvier !



Je ne vais pas me lancer maintenant dans un « bilan de mon expérience à l’étranger » (l’école me le demandera bien assez vite), premièrement car ladite expérience est loin d’être terminée, et deuxièmement parce que personne n’a envie de lire ça (n’est-ce pas ?!). Je reconnaîtrais simplement qu’académiquement, cet échange aura été pour le moins « light » : peu de cours, un investissement personnel très limité, zéro stress… quatre mois de quasi-vacances en réalité ! Je ne venais pas ici pour les cours donc tant mieux (chuuut, ne le répétez pas à l’administration de l’ESSEC !), mais je suis tout de même un peu déçue par le niveau ici. Je m’attendais à rencontrer des étudiants brillantissimes, archi-motivés et surtout ayant déjà une expérience professionnelle importante, et j’ai finalement rencontré des étudiants au niveau et à l’expérience très comparable à ceux des gens de l’ESSEC… c’est un peu de ma faute, j’avais des attentes plutôt élevées !



Par contre, je ne pensais vraiment pas avoir autant la possibilité de voyager et de découvrir le pays. De ce point de vue-là, je suis ravie ! J’ai énormément appris, sur le pays et ses habitants bien sûr, mais sans doute aussi sur moi-même.



Je tacherai dans les semaines à venir de continuer à poster quelques nouvelles sur ce blog. Donc pas de panique, tout, vous saurez tout !



En attendant il faut vite vite que j’aille préparer ma valise car demain, bye bye l’IIMA !

Tuesday, November 30, 2010

Kolkata & Varanasi

Mercredi dernier, Sébastien, Laura et moi nous sommes envolés pour Calcutta puis Varanasi. Récit illustré d’un voyage palpitant :

Jour 0 (celui-là compte pour du beurre car c’est juste un après-midi) :
Arrivés en fin de journée à Calcutta, nous nous baladons dans le quartier de notre hôtel en quête d’un endroit pour dîner. Je suis très vite frappée par la pollution qui règne ici : l’air racle la gorge et j’attrape vite mal à la tête. Pas étonnant vu les embouteillages !
Calcutta, ou plutôt Kolkata, car c’est son nom officiel depuis 2001, est une des villes les plus peuplées du monde. Elle abrite 14 millions d’habitants qui s’entassent les uns sur les autres : c’est là que l’on trouve la plus forte densité du pays avec 24 800 habitants au km2, rien que ça. Kolkata est l’ancienne capitale de l’Inde et aujourd’hui encore son centre culturel et artistique. La colonisation britannique a laissé une architecture impressionnante faite de monuments grandiloquents, de maisons nobles et d’immeubles aux façades sculptées. Mais tout cela tombe en ruine ! La végétation tropicale s’attaque même aux bâtiments et l’on voit çà et là des buissons pousser sur des façades tout effritées. Grouillante et puante, Kolkata n’en est pas moins fascinante. En pleine ville, on traverse des quartiers incroyablement calmes, puis au détour d’une ruelle, on se retrouve dans l’agitation d’un marché qui bat son plein. Mieux vaut être en forme, car on s’en prend plein les yeux, les oreilles et les narines ! Les papilles ne sont pas en reste : la nourriture bengalie, parfumée sans être trop épicée, est un vrai régal.
un "homme-cheval" tire sa nacelle dans les rues de Calcutta
Jour 1
Pour notre première journée à Calcutta, nous avions prévu un « city tour » : une voiture qui nous trimballe de monuments en monuments, comme de vrais bons touristes. Seulement voilà, l’hôtel qui devait nous avoir organisé cela nous fait faux-bond, nous obligeant à nous rabattre sur une agence. Nous trouvons un autre chauffeur, mais cela prend du temps et nous ne nous mettons en route qu’à midi, dommage.
1ère étape : Victoria Memorial Hall. Une très chouette pièce montée, bien conservée (pour une fois !), reflet des fastes de l’époque britannique. Very good.
Victoria Memorial Hall
Etape 2, le temple de Kali, la déesse qui a donné son nom à la ville (Kalikata/Kolkata, ça sonne un peu pareil, non ?). Juste à côté du temple se trouve Mother House, l’hospice fondé en 1952 par Mère Teresa. Malheureusement, l’endroit n’ouvre qu’à 18h donc nous devons nous contenter de la façade.
Kali Temple
Mauvais timing aussi pour l’étape 3, le Birla Temple, pas encore ouvert quand nous y arrivons. Il nous reste encore pas mal de temps pour visiter la ville, mais notre chauffeur ne parle pas un mot d’anglais et fait preuve de beaucoup de mauvaise volonté quand nous lui demandons de nous emmener ailleurs. Finalement, son boss nous explique par téléphone que le chauffeur nous emmène maintenant à « Science City ». N’ayant aucune idée de ce dont il s’agit, nous nous laissons trimbaler jusqu’à ce qui se révèle en fait être un parc d’attractions absolument minable à l’écart de la ville. Gé-nial. Des attractions ringardes, comme « Evolution Park », une grotte en carton-pâte avec dedans des dinosaures en plastique mis en mouvements dans un grand bruit de pompe à vélo. On est super content, vous imaginez bien…
Après un détour à l’agence pour aller râler (ça fait toujours du bien), nous achevons ce « city tour » en nous rendant au Birla Planetarium puis à la cathédrale Saint Paul, un édifice religieux assez proche de ceux que l’on rencontre en Europe, à un détail près : à l’intérieur, un système de poutres en métal permet de maintenir une vingtaine de ventilos juste au-dessus des bancs, c’est assez marrant à voir.
Nous tombons par hasard sur une expo de peinture à l’University of Fine Arts, puis sur un spectacle de fontaine+son+lumière dans un parc juste en face. Sympa !
Le soir, nous nous remettons de nos émotions autour d’un thali bengali, un vrai régal. 
Miam !

Jour 2
Blurp blurp, mon ventre n’est malheureusement pas très en forme. Ayant été malade dans la nuit, je renonce à accompagner Laura et Sébastien au marché aux fleurs à 7h du mat’, et reste me reposer à l’hôtel. Je les retrouve un peu plus tard dans un café du quartier universitaire, un endroit assez pittoresque avec ses dizaines de « book stalls » partout dans la rue. Nous déambulons ensuite dans le quartier de Kumartuli, un entrelacs de ruelles calmes et colorées. Au détour d’une rue, nous nous retrouvons soudain dans l’agitation du marché aux fruits, un endroit incroyable ! Des pyramides d’oranges, des montagnes de bananes et bien sûr plein de monde, c’est génial !
Enchères sur les bananes
Après cela, visite de la maison du poète Tagore, une des grandes figures de la ville et du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, qui reçut le prix Nobel de littérature en 1913.
En soirée, nous prenons le train direction Varanasi à Howrah Station. Le guide nous prévient qu’il s’agit d’une des plus grandes gares d’Asie, donc nous nous préparons psychologiquement à galérer, mais que nenni, nous trouvons notre train sans aucun problème, c’est même pas drôle.
Je teste pour la première fois le voyage en « sleeper », cette à dire dans la classe la moins chère et donc réputée pour être surpeuplée, bruyante et inconfortable. Du moins c’est ce disent les guides touristiques. En réalité, il n’en est rien, c’est très comparable à ce qu’on a quand on paye plus cher, la clim’ qui rend malade en moins. Au final, un des trajets où j’aurais le mieux dormi !

Jour 3
Varanasi ! Aussi connue sous le nom de Bénarès (décidément, on aime bien donner plusieurs noms aux villes dans ce pays !), Varanasi est elle aussi une ville incroyable. Située sur les bords du Gange, c’est LE lieu saint par excellence pour les Hindous. Les pèlerins s’y rendent pour se laver de leurs péchés dans le Gange, et aussi beaucoup pour… y mourir. Et oui, car mourir à Varanasi pour un Hindou, ça veut dire atteindre directement le « moksha » (l’équivalent du nirvana bouddhiste) sans passer par la case « réincarnations multiples ». On y croise donc des vieillards venus attendre patiemment la mort sur les bords du Gange.
Varanasi fait partie de ces endroits où l’on prend pleinement conscience du gouffre culturel qui existe entre l’Inde et notre monde occidental. C’est une ville fascinante, sans doute la plus déroutante pour nous, petits occidentaux. Il faut se promener sur les ghâts (les escaliers qui bordent le fleuve) au coucher du soleil et à l’aube pour percevoir l’atmosphère si particulière qui y règne. Ici tout est religieux, presque mystique. Au son des chants des pèlerins, on se croirait dans un monde parallèle où nos points de repère habituels sont complètement bouleversés.

La nuit tombée, nous assistons à une crémation sur un des deux ghâts dévolus à cette pratique. Un habitant de Varanasi (un varanasien ?) nous commente ce qui est en train de se passer. Les hommes de la famille (les femmes sont exclues de ce rituel) apportent le corps, drapé dans un linceul coloré, sur un brancard en bois. Ils commencent par le plonger dans le Gange, puis ils le place sur un bûcher et le recouvrent de fleurs et d’encens. Le fils aîné va allumer une torche dans un temple situé à quelques mètres. On dit que le feu y brûle depuis des milliers d’années sans s’être jamais éteint. Le fils met le feu au bûcher et le corps mettra plusieurs heures à se consumer. Le fils aîné est aussi chargé de fracasser le crâne du mort, pour libérer ce qui reste d’âme dans le corps. Le lendemain matin, les cendres seront versées dans le Gange. Les corps sont drapés de rouge pour les femmes, blanc pour les hommes et doré pour les vieillards.

L’Indien qui nous avait fourni les explications sur la crémation nous emmène ensuite visiter son « usine » de soierie, dans le quartier musulman. Il s’agit vraisemblablement d’une reconstitution pour touristes, mais c’est quand même intéressant de voir comment marchent les métiers à tisser. Nous avons même le droit d’essayer de tisser nous-mêmes (je suis nulle !). Après ça, passage obligé dans le magasin de soieries de notre nouvel ami. Que de tentations !

Nous nous rendons sur un des ghâts principaux et assistons à la « puja », cérémonie d’offrande de la lumière au Gange qui se fait selon un rituel très beau à voir. 4 ou 5 prêtres, face au fleuve, accomplissent une chorégraphie sur fond de chants sacrés, tintements de cloches et percussions. Chandeliers, encens, fleurs et bougies font partie du matériel indispensable pour la puja. Les fidèles suivent les gestes effectués par les brahmanes, puis vont à leur tour déposer dans le Gange des bougies et des fleurs. Toutes ces petites lumières dérivent lentement sur le fleuve, c’est très chouette.
Puja

Jour 4
Dimanche, nous sommes debout à 5h du matin, pour assister au lever du soleil sur le Gange. C’est à ce moment-là que les pèlerins font leurs ablutions. Des dizaines de touristes, dont nous, assistent à ce rituel depuis des barques sur le fleuve, et s’approchent souvent assez près des rives. Je trouve ça un peu bizarre et gênant : ça vous plairait, vous, si des inconnus entraient dans votre salle de bain le matin pour vous observer en train de vous laver ? Mais les Indiens tolèrent ça sans problème, sympas.

Nous nous perdons ensuite dans les petites rues de la vieille ville. Des centaines de personnes font la queue pour accéder aux temples, c’est incroyable.
A la queue leu leu
En début d’après-midi, il est déjà temps pour moi de repartir pour Ahmedabad, car oui, il m’arrive d’avoir cours ! Je vis alors la pire tentative d’arnaque de mon séjour en Inde (en tout cas jusqu’à présent !). Je vous raconte, mais je vous préviens, c’est un peu long…

L’arroseur arrosé
Mon vol est prévu à 15h50, avec une escale de plusieurs heures à New Delhi. Il faut pratiquement une heure pour rejoindre l’aéroport de Varanasi, donc vers 13h, je monte dans un rickshaw qui, après négociations, me propose la course pour 350 roupies. C’est sans doute un peu salé, mais j’accepte. En voiture Simone, nous roulons à travers la « banlieue » de Varanasi, traversant des bleds tous plus glauques les uns que les autres. Entre temps, je reçois un appel d’Air India me prévenant que mon vol a au moins 1h40 de retard. Bon… Tant pis, j’attendrais à l’aéroport. Au bout d’une petite heure de route, le chauffeur s’arrête devant une gare et me dit qu’on est arrivé. Pardon ?? J’avais demandé l’aéroport, pas la gare de pétaouchnoc ! Et là, cet abruti (je me permets de l’insulter, il le mérite) prend son air tout étonné et essaye de me faire croire que c’est moi qui lui aie demandé de m’emmener à cette gare, que je n’ai pas du être claire et tout et tout. Mon œil ! Devant mes protestations, il fait mine de reconnaître que c’est de sa faute, il a fait une erreur, mais il n’a pas fait exprès, ça arrive. Puis avec un air de chien battu, il m’explique qu’on est maintenant super loin de Varanasi (sans blague !) et encore plus loin de l’aéroport, donc il ne peut pas m’emmener. What ?? et je fais quoi, moi, maintenant que je suis à la gare de Merdouille-les-bains ? S’en suit une grosse engueulade, je menace d’appeler la police à deux reprises, mais le chauffeur accepte finalement assez rapidement de m’emmener à l’aéroport. Nous voilà de nouveau en route, dans l’autre sens cette fois-ci, et à toute berzingue, car le chauffeur, lui, ne sait pas que le vol a du retard (je pense qu’habituellement il compte sur fait que ses clients sont stressés à l’idée de rater leur avion et du coup prêts à le payer des milles et des cents du moment qu’ils attrapent leur vol). Le mec a quand même le culot de me dire que vu tous les kilomètres qu’on fait en plus, si je suis satisfaite je dois lui payer 100 roupies de plus. Dans tes rêves, l’ami, ne me prend pas pour plus quiche que je ne suis.
En bordure de Varanasi nous bifurquons. Aucun panneau en anglais donc impossible pour moi de savoir si nous sommes enfin sur le bon chemin. Je commence à en douter vu l’état de la route. D’après le chauffeur, c’est un raccourci… Heureusement nous finissons pas rejoindre une grosse route et l’aéroport est fléché. Ouf, me dis-je, mais je ne suis pas au bout de mes peines ! Arrivés devant un parking avec le panneau « airport », le chauffeur me demande de payer l’entrée. J’en ai ma claque, je me tire du rickshaw et le laisse en plan sans payer. Bien sûr, il me suit. « No money madam ? » Et non, no money pour les arnaqueurs. Je reprends mon engueulade, et suffisamment fort pour qu’un policier ramène sa fraise. Je laisse le chauffeur s’expliquer avec la police et me rends au terminal, qui se révèle être un vieux bâtiment vide et délabré. Là, un gardien m’explique qu’il faut que je me rende au nouveau terminal, là-bas en face. Grrrr… Ce chauffeur de rickshaw aura vraiment tout fait pour m’embêter. Comme par hasard, un taxi est là et propose de m’emmener en voiture, mais je le rembarre vite fait bien fait et j’ai raison car le nouveau terminal n’est qu’à 5 minutes à pied.
Au final, au bout de deux heures et demi, j’arrive enfin à destination, ouf !! et vu le retard de mon vol, je suis même un petit peu en avance. J’ai fait faire pratiquement 100 km au rickshaw sans le payer, ça lui apprendra à vouloir arnaquer les touristes, et toc !
Dernière angoisse, tout de même : si mon vol a trop de retard, je rate ma correspondance à Delhi. Heureusement, tout se goupille bien et j’arrive comme prévu à 23h à Ahmedabad. Quelle épopée !

Tuesday, November 23, 2010

Bienvenue à la foire du Trône


Vous avez aimé le camel safari à Jaisalmer ? Alors vous allez adorer la Camel Fair de Pushkar !
Et oui, une fois n’est pas coutume, ce week-end, le « Camelus dromedarius » était une nouvelle fois à l’honneur. Récit illustré :

Vendredi soir, hop hop hop, tous en bus direction Ajmer, dans le Rajasthan, où nous arrivons tôt le matin après une douzaine d’heures de trajet. À Ajmer, nous reprenons aussitôt un autre bus direction Pushkar. Le bus est blindé de monde donc je fais le trajet debout, et manque plusieurs fois de me casser la figure dans les innombrables virages de cette petite route de montagne. Mais 30 minutes plus tard, nous arrivons à destination !

Je suis d’abord assez surprise de ne pas reconnaître l’endroit. Et oui, car je suis déjà venue dans cette petite bourgade quand je voyageais avec Marion au mois d’août (consulter les archives de ce blog pour preuve).

Et pour cause, Pushkar accueille chaque année une gigantesque foire aux chameaux (la plus grande d’Asie, à ce qu’on dit !). Pendant 5 jours, les chameliers viennent y vendre et acheter des bestiaux en négociant sévère. En plus de ça, c’est aussi une énorme attraction touristique, avec fête foraine, danses, marchands de bijoux, charmeurs de serpents, courses de chameaux et concours de toutes sortes d’organisés. Et pour couronner le tout, la fête se termine le jour de « Kartik Poornima », une fête hindoue qui célèbre la création du lac sacré de Pushkar par le dieu Brahma. Ce jour-là, encore plus que tous les autres, les croyants s’amassent autour du lac pour s’y baigner et assurer le salut de leur âme. Vous l’avez compris, Pushkar Fair, c’est pas rien !
Nous sommes arrivés pour les derniers jours de la foire, donc il n’y avait plus tant de chameaux que ça. Par contre, la fête battait son plein ! Musique à fond en continu (même la nuit !) et surtout gigantesque bain de foule. Le RER A aux heures de pointe à côté, c’est de la rigolade !

un peu de monde...
La ville était du coup beaucoup plus vivante que lorsque j’y étais venue en août. Certaines rues, qui à l’époque avaient plutôt l’air de terrains vagues, s’étaient transformées pour l’occasion en artères commerçantes. Les boutiques, restos et hôtels battaient leur plein, avec vraisemblablement 90% de leur chiffre d’affaires réalisé pendant cette semaine (on sent l’étudiante en école de commerce qui parle !). Les ghats (les escaliers au bord du lac) étaient pleins de croyants venus faire leurs ablutions et réaliser des pujas (un rituel hindou où l’on fait des offrandes – fleurs, encens – en récitant des mantras). Beaucoup d’agitation, donc, mais dans la joie et la bonne humeur.

Vu l’affluence, les hôtels montent leurs prix de façon assez incroyable pendant cette semaine. Nous étions tout un groupe d’étudiants de l’IIM à être partis et nous avons fait du « roof-top camping » : en gros, nous étions logés dans un hôtel, ou plutôt sur un hôtel, c’est-à-dire dans des tentes installées sur le toit. Plutôt marrant comme concept ! En tout cas, c’est convivial. Le week-end a d’ailleurs été ponctué de parties de cartes bien sympathiques (je sais désormais jouer à la coinche !) et autres pauses « glandouille autour d’un banana lassi », bref, les vacances.

Au retour (après un trajet encore plus long qu’à l’aller !), surprise surprise à Ahmedabad : ça caille !! Et oui, pour la première fois depuis que je suis arrivée, il fait froid. Bon, seulement 15-17 degrés – je vous vois venir avec vos « veinarde, ici il fait -2° » – mais quand on n’est pas équipé, c’est pas beaucoup ! D’autant qu’ici, tous les bâtiments sont ouverts sur l’extérieur, les fenêtres ferment mal et y a pas de chauffage. Pour un peu, on mettrait presque un manteau ;-)

Monday, November 15, 2010

A dos de chameau

L'aventure continue ! Ce week-end, Laura et moi sommes allées à Jaisalmer, à l'extrême ouest du Rajasthan, à 100km de la frontière avec le Pakistan.
Jaisalmer
Nous sommes parties vendredi soir en bus pour un trajet de nuit jusque Jaisalmer. On nous avait demandé de nous pointer à 19h à l'agence, pour un départ prévu à 19h30. Nous nous pointons donc quelques minutes avant l'heure, puis on nous conduit à notre bus, garé dans un endroit bien glauque, une espèce de terrain vague reconverti en parking. Mais peu importe le cadre, on a la patate, vu qu'on part en week-end ! Au bout d'une heure d'attente, je finis tout de même par m'impatienter... Nous partons finalement vers 20h30, c'est vrai que c'est quand même plus sympa d'attendre les retardataires ;-)

Le trajet est détestable ! La route est toute cabossée, j'en prend plein le dos. Un peu l'impression d'être dans un shaker. Bien sûr, impossible de dormir, ni même de lire, car il y a trop de secousses.
Nous finissons malgré tout par arriver samedi de bon matin à Jaisalmer, fatiguées mais surexcitées à l'idée de partir faire du chameau dans le désert !

Comme nous avons un peu de temps devant nous, nous en profitons pour nous reposer et visiter la ville. Le centre consiste en une forteresse, et le reste de la ville s'étend tout autour. Toutes les constructions sont faites de grès jaune, ce qui donne à la ville une belle couleur dorée, et à la forteresse une allure de château de sable. Nous nous perdons dans les petites rues avec plaisir et découvrons les magnifiques façades sculptées des maisons. Nous visitons une "Haveli", un peu l'équivalent de l'hôtel particulier en Inde. Superbe.
Au hasard des rues
Façade sculptée

En début d'après-midi, grand départ pour le camel safari ! Nous partons d'abord en jeep et faisons halte sur le chemin pour observer de loin des cénotaphes. Laura : "C'est quoi un cénotaphe?". Moi : "Aucune idée. Faudra regarder sur wikipédia en rentrant". Petite parenthèse culturelle, donc : "un cénotaphe est un monument élevé à la mémoire d'une personne ou d'un groupe de personnes (et dont la forme rappelle celle d'un tombeau), et qui ne contient pas de corps". Merci wikipédia.
Les fameux cénotaphes

A quelques kilomètres de Jaisalmer, nous retrouvons notre chamelier, un jeune gars sympathique. Et c'est parti ! Laura sur "Malou" et moi sur "Tiger" (si si!), nous voilà tous les trois, à la queue leu leu sur nos bestiaux, en route pour conquérir le désert !

Le chameau, c'est un peu surprenant au départ. Ça balance pas mal, mais je n'ai pas eu le mal de mer. Pas particulièrement inconfortable, sauf quand ça court où là, vraiment, ça fait mal aux fesses ! Mais comme j'ai ma fierté, plutôt que de l'avouer au guide, quand il me demande "camel running, ok?", je prends mon air le plus détendu possible et déclare avec aplomb "yes, yes, no problem !". Résultat, nous faisons une bonne partie du trajet en trottant, si bien que j'ai les cuisses toutes douloureuses à l'arrivée, sans parler des courbatures !

Le paysage est vraiment superbe. Une précision s'impose : il ne s'agit pas d'un désert tout tout sec avec de grandes dunes type Sahara. Non, là, c'est plutôt une vaste plaine aride où poussent çà et là touffes herbeuses et buissons rachitiques. Et comme j'ai déjà eu l'occasion de constater, en Inde, il y a du monde partout. Même dans le désert, nous croisons quelques éleveurs de chèvres avec leur troupeau, des fermiers, des enfants... On n'est jamais tout seul dans ce pays ! Nous avons aussi la chance de voir à plusieurs reprises des gazelles nous passer sous le nez. Super.

Après environ deux heures de chameau, nous arrivons à une étendue de dunes (cette fois ça ressemble vraiment au Sahara !), curieusement posées là sur plaine. Le paysage est vraiment atypique. Nous rejoignons d'autres touristes venus faire le safari avec le même organisateur : un couple de Japonais, un couple d'Anglais et deux Américaines, avec leurs chameliers respectifs.
Le campement

Nous assistons au coucher du soleil sur les dunes, puis dînons tous ensemble un repas concocté par les chameliers. Nous mangeons avec les doigts bien sûr ! J'en profite pour améliorer la technique qui consiste à faire pelleteuse avec les chapatis pour enfourner la nourriture dans sa bouche. Ambiance bien sympathique et cadre idyllique. Clou du spectacle: les chameliers s'improvisent chanteurs et nous entonnent quelques airs, en s'accompagnant d'un bidon d'eau vide pour faire les percussions. Magique !

Nous nous couchons directement sur le sable, la tête dans les étoiles, enfouis sous des couvertures car une fois la nuit tombée, il fait frisquet. Dodo bien mérité après toutes ces aventures.

Le lendemain, réveil un peu avant 7h. Nous assistons au lever du soleil, un chai à la main. Pas un bruit, juste nous au milieu de nulle part et le soleil qui émerge à l'horizon, c'est fou.

Après le p'tit déj', nous repartons à dos de chameau pour le trajet du retour. L'éclairage matinal rend le paysage encore plus beau, c'est génial. On en oublierait presque les courbatures. Nous sommes de retour à Jaisalmer vers 11h, fatiguées, poussiéreuses mais franchement ravies !

L'hôtel qui organisait le safari nous met douche et chambre à disposition, ce qui nous permet de nous reposer un peu. Puis pour achever de nous requinquer, nous déjeunons dans un resto super bon dans l'enceinte de la forteresse. Belle terrasse et très bonne nourriture, qui me réconcilie avec la cuisine du Rajasthan. Miam, j'en salive encore !

L'après-midi, visite de la forteresse. Les bâtiments sont une fois de plus très beaux, mais malheureusement l'endroit est colonisé par les touristes, et perd donc un peu de son charme. Nous préférons finalement retourner flâner dans les petites rues qui bordent la forteresse. Nous y croisons par hasard une autre Haveli, que nous visitons. La ville est vraiment belle, et très calme dès qu'on sort des endroits touristiques.


Vers 17h nous reprenons le bus pour Ahmedabad. Déjà endolories par notre périple en chameau, le trajet s'annonce rude ! Nous constatons à l'arrivée l'étendue des dégâts : mal au dos, aux jambes, à la nuque... mais super méga ravies de notre week-end ! Ça valait vraiment le coup de faire tous ces km. Et à J+1 après le retour, je suis en mesure de vous rassurez sur ma forme physique (au cas où certains d'entre vous s'en inquièteraient, sait-on jamais) : hormis quelques courbatures particulièrement tenaces, tout va mieux ! Vivement le week-end prochain !!

Friday, October 29, 2010

J’irai dormir chez vous

Après 10 jours de silence radio, me revoilà avec de nouvelles aventures à vous raconter !

La dernière fois que j’ai écrit sur ce blog, c’était pendant mon voyage pour aller au Vietnam. J’y ai passé une douzaine de jours fabuleux, loin des cours et du campus, de la chaleur et de la poussière. Autant dire que le retour à Ahmedabad fut un peu rude (« hein quoi ? quel travail de groupe ? de quoi on parle ? »). Donc pour écourter au maximum ces moments désagréables où l’on se rappelle qu’on n’est pas totalement en vacances, je suis repartie deux jours plus tard pour Bombay, ou plutôt Mumbaï, car c’est comme ça qu’on l’appelle officiellement depuis 1995.

Quelques mots sur Mumbaï, pour vous situer le décor. Il s’agit de la ville n°1 en Inde selon plusieurs critères : population (l’agglomération de Mumbaï compte plus de 22 millions d’habitants, ce qui en fait une des dix villes les plus importantes au monde), économie et commerce (Mumbaï génère 5 % du PIB indien et son activité représente 25 % de la production industrielle, 40 % du commerce maritime et 70 % des transactions de capitaux de l'économie indienne), finance (avec la bourse et la banque centrale), et divertissement avec les studios de Bollywood. C’est aussi là que l’on trouve le plus grand bidonville d’Inde, des embouteillages monstrueux et des trains de banlieues tellement bondés que les gens ne sont même plus dans le train mais accrochés autour… Bref, c’est une ville assez dingue, mais paradoxalement très agréable à visiter. Et oui, là-bas il y a des trottoirs donc on peut se déplacer à pied (ça vous paraît normal, mais en Inde, c’est rare !), de larges avenues, des beaux bâtiments datant de la colonisation britannique, des promenades le long de la mer (à condition d’oublier l’odeur de déchetterie et de fermer les yeux sur les étendues de détritus qui parsèment la plage à marée basse), de bons restos, des cafés branchouilles, de quoi faire plein de shopping, etc. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette ville !
Nous étions trois, Laura, Anaïs et moi, et nous avons testé pour la première fois le système du « couchsurfing ». Le principe est simple : créer une communauté en ligne de personnes qui mettent à la disposition d’autres personnes leur canapé (ou un lit, un matelas, la niche du chien, peu importe) pour pouvoir les héberger. Donc, par exemple, admettons que vous vouliez séjourner quelques jours dans une ville, disons Mumbaï (au hasard), et bien vous vous inscrivez sur le site, vous contacter des « couchsurfeurs » habitant Mumbaï pour leur demander l’hospitalité et, avec un peu de chance, vous obtenez une réponse positive de l’un d’entre eux. Pas mal, non ? Et bien c’est exactement ce qui s’est passé pour nous et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvées à habiter chez Hema, une Indienne d’une cinquantaine d’années qui vit seule à Bandra, un quartier sympa et pas trop excentré.
Laura, Anaïs, Hema
Hema, c’est tout un numéro. Première chose, elle est extrêmement gentille. La preuve : elle nous a hébergé toutes les trois dans son petit appartement pendant 5 jours, nous a cuisiné des parathas au petit dèj’, promenées dans son quartier toute une journée, etc. Mais deuxième chose, elle est extrêmement lunatique et possessive… Possessive dans le sens où elle n’aimait visiblement pas être toute seule et donc comptait sur nous pour passer un maximum de temps avec elle, ce qui n’était pas exactement ce pour quoi nous étions venues à Mumbaï. Et lunatique, car contrariée pour un rien (la plupart du temps, on ne savait même pas pourquoi). Et quand Hema est contrariée, elle boude et fait des trucs pas sympas, comme par exemple s’endormir au moment de payer l’addition au resto, partir sans ses clés le soir où nous avions décidé de sortir pour nous obliger à revenir vite lui ouvrir la porte, cacher nos serviettes de bain pour nous empêcher de prendre une douche, etc. Ça peut paraître énervant comme ça mais rassurez-vous, ça nous a surtout valu de franches rigolades entre nous ! Donc une première expérience de couchsurfing très positive !
Coucher de soleil sur la baie
A deux pas des tours d'immeubles, certains quartiers ressemblent à des villages
À part ça, qu’avons-nous fait à Mumbaï ? Entre autres, un peu de culture avec les visites du Prince of Wales Museum, du musée d’art moderne et des galeries alentour, et de temples hindous et jaïns. De l’architecture en se baladant du côté de Victoria Terminus, de la Cour Suprême, de l’Université et du Gateway of India. Une bouffée de ce que peut être le luxe en Inde en rentrant dans le célèbre Hotel Taj Mahal, et l’extrême inverse en passant par les bidonvilles qui longent la côte. Du bateau pour aller visiter les grottes d’Elephanta Island, du divertissement avec un spectacle mêlant la jeunesse artistico-branchée de Bandra, du shopping au Crawford Market et sur Colaba causeway. Des bains de foule à foisons (il y a du monde partout !), et de la bonne bouffe en quantité (et même du bœuf au Hard Rock Café – et oui, en Inde, c’est quasi impossible à trouver !). 
Vue depuis le Prince of Wales Museum

Université
High Court

Taj Mahal Hotel et Gateway of India

Laura au Crawford Market

À la gare de Churchgate, nous avons aussi découvert l’étonnant ballet des dabbawallahs. En Hindi, une dabba, c’est une boîte. En l’occurrence, il s’agit des boîtes en métal dans lesquelles les Indiens transportent leur déjeuner. Les dabbawallahs, ce sont les livreurs desdites dabbas. Ils se chargent d’acheminer la nourriture de milliers d’employés de leur domicile à leur lieu de travail. En effet, beaucoup d’Indiens sont réticents à consommer des plats qui ne sont pas faits maisons, et ne font confiance qu’aux repas préparés par leur épouse ou leur cuisinière, notamment pour être sûr de respecter certaines prescriptions alimentaires.


Livreur, ça peut paraître simple comme ça, mais à Mumbaï c’est tout une aventure, du fait de l’immensité de la ville et de ses moyens de transport plutôt chaotiques. La logistique et l’efficacité des dabbawallahs sont assez incroyables. Le matin, les boîtes sont collectées dans les différents quartiers de la ville. Grâce aux inscriptions qu’elles portent, elles sont triées par destination puis envoyées par le train. À chaque gare, les boîtes correctes sont débarquées et remises à un dabbawallah local, qui les livre aussitôt à l'adresse correspondante, à pied, en charrette ou à vélo. Après le déjeuner, les boîtes vides sont rassemblées et renvoyées de nouveau dans leur maison respective.
Étant donnée la quantité de boîtes qui circulent (on estime que les dabbawallahs approvisionnent jusqu'à 175 000 clients par jour !), le système est archi-complexe et pourtant, il marche, c’est ponctuel et pas cher du tout ! La preuve que l’organisation en Inde, c’est possible et ça existe ;-)